Tuesday, April 6, 2010

La quête de l'identité dans Un aller simple

En lisant Un aller simple, je me demandais pourquoi Van Cauwelaert avait choisi Aziz, ‘un marseillais de cœur, d’accent et de naissance’ (p45) pour véhiculer son message qui pour moi porte sur la signification et l’importance de l’identité.
Aziz, un enfant volé (donc sans repères avec des racines inconnues) et Jean Pierre un attaché humanitaire qui a renié ses racines sont deux personnages principales qui à première vue sont très différents et pourtant leurs deux identités vont fusionner pour ne faire qu’une à la fin du roman.
Alors en quoi est-ce que ces deux personnages sont-ils différents ?
Aziz ne connait pas ses parents et pendant toute son enfance, il rêve de les voir enfin. Pendant toute sa vie parmi les Roms, Aziz a des problèmes d’intégration. Il a grandi parmi les gitans mais c’est évident qu’il est un intrus dans cette communauté. Il se fait une fausse carte d'identité marocaine, peut être parce qu’il veut rester neutre ou peut-être parce que les Tsiganes n’ont pas de nationalité (ce qui m’emmène à demander si les Tsiganes ont une identité car au 1er jour de la classe, on avait défini la nationalité comme importante pour l’identité). Donc Aziz vit chez les Tsiganes avec une carte d’identité marocaine et ne choisit pas son camp quand les Beurs et les Tsiganes se rencontrent. Il n’est pas vu comme un des membres de la communauté non plus car les frères Lila ne veulent pas la voir mariée à lui. Ce qui m’emmène à dire que Aziz n’est que toléré dans la communauté où il vit.
Jean-Pierre a lui renié ses origines qui lui faisait trop honte. En ayant abandonné son village natal, il perd ses repères et ses rêves aussi, d’où son acharnement à vouloir coûte que coûte retrouver Irghiz, une vallée dont Aziz se réclame, même si Jean-Pierre sait que Irghiz n’existe pas ou du moins pas comme Aziz le décrit.
Irghiz devient comme un bout de rêve que les deux personnages se partagent. Née dans l’imagination d’Aziz, cette vallée imaginaire va prendre forme dans les écritures de Jean-Pierre. Si Irghiz donne à Aziz le sentiment d’avoir un chez-soi, il redonne à Jean-Pierre le goût de rêver, de réécrire, de retrouver un amour perdu.
L’imagination et la volonté mènent les deux protagonistes à retrouver l’un son village natal, l’autre sa vallée imaginaire avec ‘ses platanes, ses pins souterrains et ses chevaux de la préhistoire’ (p169).
Alors où se trouve vraiment les racines et qu’est ce qui fait l’identité ?
Il a fallu à Jean- Pierre d’aller jusqu’au Maroc pour retrouver ses racines et se réconcilier avec son passé qui se trouve en France.
Pour Aziz, il a fallu que quelqu’un croit en son histoire (qui n’est qu’une pure invention de sa fantaisie) pour qu’il ait enfin un foyer (à la fin du livre, il vit dans l’ancienne chambre de Jean-Pierre, chez ses parents).
L’écriture est aussi un moyen de retrouver son identité. Il donne à Jean-Pierre l’occasion de rêver et de se rappeler qui il est vraiment. L’importance de l’écriture, Aziz l’a aussi comprit et c’est pourquoi il ne continue d’écrire l’histoire qu’a commencé Jean-Pierre, histoire qui raconte leur destin si différent et pourtant si identique.

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